photo de philippe Petiot

Rémi Voche

Performance / photographie

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Performance comme manière d’être, ou manière d’être comme performance… Rémi Voche s’implique tout entier dans ce qu’il présente.

‘Il faut répondre énigmatiquement aux énigmes du monde’. Ceci, on le comprend devant les performances de Voche, ou la notion de question comme celle de réponse ne semblent plus avoir de valeur propre. Seul compte l’instant, célébré comme une forme d’absolu ; cet instant que Rémi Voche va gratter, gratter encore, chercher, éprouver dans son être même jusqu’à en trouver la substantifique moelle.

Né en 1983 à Lagny-sur-Marne, Remi Voche se forme à la Villa Arson de Nice dont il ressort diplômé en 2012. Depuis, il court partout. C’est aussi qu’il y est habitué, car on pourrait le définir comme sportif à plein temps. La course, l’effort, la notion de limite corporelle sont extrêmement présents dans son travail.

C’est en effet ce même rythme de course (un-deux-un-deux) qu’il s’impose et avec lequel il remplit son espace de représentation. C’est celui dans lequel, à force de répétitions de gestes, il finit par se confondre avec le monde. C’est un combat qu’il engage, qui se termine en une forme d’amour, de réunion quasi-palpable en un point seul du temps et de l’espace. C’est l’engagement d’un dialogue jusqu’à la perte des deux parties.

Il y a de l’étrange et de l’absurde dans les choses qui se répètent trop. C’est sur cette notion d’étrange que Voche joue en la poussant au maximum, en la travaillant par le rythme et par la résurrection de rituels païens, animistes, dans des lieux qui ne leur semblent absolument pas ouverts ni réceptifs. Il y a une certaine forme d’ironie dans son travail, adressée au regardeur, à ses valeurs, à la modernité, à la civilisation, à la notion d’institution. Tout s’effondre un peu. Ne reste plus que la terre, et des ruines tout autour.

Condenser, entourer, rappeler à soi par la répétition : remplir l’espace jusqu’à l’oubli. C’est un travail de sidération, une mise à l’épreuve entre malaise et hypnose, la création d’une tension : indéniablement, il se passe quelque chose. Une métamorphose dont personne ne sait jusqu’où elle ira.

« Rémi Voche concentre sa pratique autour de la photographie et de la performance, les deux étant intimement liés par l’idée de l’empreinte et de la mise en scène. Il sème des traces de pas de côtés, des traces de fuite, et les laisse se développer dans nos imaginaires.
En prenant une place de médium, en renouvelant nos perceptions, en réélectrisant l’espace, peut-être cherche-t-il à nous faire vivre un réveil. Peut-être que nous devrions commencer à courir dans une autre direction. »
Extrait du texte de Charlotte Concordel